jeudi 8 septembre 2011

L'acceptation . Sando Kaisen

C’est une pratique qui demande beaucoup de lucidité et de présence car elle prend notre égo à rebrousse poil, en lui apprenant à accepter l’inacceptable et à donner ce qu’il refuse de donner.
Elle nous demande d’accepter d’être exposé à l’irritation et à l’indésirable, d’accepter ce à quoi nous dirions habituellement «non».
Mais il s’agit aussi d’accepter intérieurement les côtés obscurs de nous-même que nous n’avons pas envie de reconnaître. Nous devrions accueillir le côté pénible de la situation plutôt que de le refuser et de lutter contre lui. Si, face à une situation pénible, on commence à accepter, sans réagir à priori impulsivement, on introduit une pause dans la situation. Elle est un espace qui permet de mieux la sentir. C’est à partir de cette perception qu’il devient possible d’y répondre plus justement.
En acceptant, on se laisse ainsi pénétrer par la situation à priori inacceptable ou non désirée.
L’inacceptable pénètre jusqu’au plus profond de nous-même. C’est une acceptation sans réserve. Il n’y a pas de «oui, mais...». On est complètement exposé, transparent, et l’on abandonne la lutte et le rejet.
Ensuite, s’accepter soi-même signifie reconnaître sa vraie nature comme étant un «chapelet de mirages» dépourvu de réalité intrinsèque. De se glisser à l’arrière-plan de son être et de regarder cet inacceptable comme n’étant qu’un phénomène dont je ne suis pas l’auteur.
Comme tout phénomène, cet inacceptable a sa propre existence mais je ne suis pas cela.
Percevant cela, l’inacceptable se dissout de lui-même pour ouvrir le champ de la compassion infinie.
Accepter ne signifie pas «subir», mais accepter l’apparition de ce genre de phénomène comme étant une manifestation de la nature même des choses.
Les choses sont ce qu’elles sont mais je ne suis pas ces choses. Se tenant à l’arrière-plan, je peux alors, avec compassion, regarder ces souffrances et ne pas les entretenir, ne pas les nourrir.
Seule l’acceptation totale pourvue de l’Oeil de l’Éveillé met fin au pouvoir du «subir», de «l’endurement» et de la «douleur».

Sando Kaisen
 

mercredi 7 septembre 2011

La Poésie, Chant du monde


La poésie est partage, échange, expression, qu’elle soit sous forme de langage, d’écriture,
de musique ou bien de peinture ou même cuisine, jardinage, art de faire des
bouquets …
S’allonger, marcher, s’asseoir : la poésie est en toute chose.
Elle fait appel au coeur même des phénomènes, elle est l’expression avant la réflexion.
Elle fait vibrer corps et esprit.
C’est en cela qu’elle touche et qu’elle semble bien souvent mélancolique.
Mélancolie au delà de toute forme de tristesse, mélancolie car chant indicible et mystérieux.
Les hommes, à la recherche de la perfection des sens, ont établi des règles de poésie
afin de s’y approcher au mieux. L’équilibre, le rythme, les images, les sons, les
odeurs, saveurs doivent faire appel au coeur plutôt qu’à la raison et faire vivre en
chaque être la beauté de l’émotion dans sa simplicité.
En cela le chant de la nature ainsi que la nature des êtres est poésie.
Bien sûr en littérature par exemple il existe d’autres formes d’expression qui touchent,
mais elles touchent parce que faisant appel à une histoire ou des situations
particulières, à la mémoire. C’est une émotion différente, déformée par le filtre de la
raison.
En ce qui concerne la poésie, c’est la forme poétique elle-même qui touche. Quel
qu’en soit le sujet, le thème, les associations, la forme, elle est le coeur même des
phénomènes. Étant le coeur des phénomènes, tous
les êtres en sont touchés inconsciemment, naturellement.

L’oiseau feu glisse au dessus des flots secrets,
Silhouette sans nom jouant en mille reflets.

 
Observant amusé ces ombres ballerines,
Le poisson lune repose dans la quiétude marine.

 
Où est le sage ?
Chant du monde !
Où est le non sage ?
Chant du monde !

Ji Yu Ni

mardi 6 septembre 2011

le Naturel

Lorsque nous lisons les textes des vieux Maîtres Zen, nous sommes saisis par la simplicité de leur vie, de leurs écrits.

Au début de la Pratique de l'assise, nous avons l’impression que tout ce que nous faisons n’est pas naturel. L’exotisme de cette pratique, l’habit, la posture, les termes japonais, les cérémonies, les « obligations », …nous sont étrangers, du moins pour nous, occidentaux.
En fait nous avons l’impression de construire quelque chose, un comportement, une sagesse, une tranquillité, un éveil, un but à atteindre.

Puis avec le temps, nous nous apercevons que nous déconstruisons au sein même de cette construction, que nous retrouvons un naturel au sein même de nos complications.

Le Naturel réside dans la simplicité, dans l’abandon de cet être compliqué, apeuré et égoïste.
Il est au-delà du naturel humain, tout en y étant étroitement lié.

Le désir naît  de l’ignorance, la peur naît de l’ignorance et ainsi la souffrance naît de l’ignorance.
Le Naturel n’est pas de l’ordre de l’ignorance, il n’est pas non plus de l’ordre de la réflexion.
Il ne peut être fabriqué ou analysé.

Le Naturel apparaît automatiquement lorsque le naturel et le non naturel ont été vus et étudiés.

La Pratique de l'assise n’est pas une croyance ou une philosophie à adopter. C’est le cheminement naturel de l’être. C’est l’étude et le dépouillement des complications.

Ces grands Maîtres peuvent nous sembler simplistes dans leur propos et leur vie. Nous rêvons toujours de grandes actions, de grandes missions, mais qui veut, qui aime être reconnu ?
En laissant le Naturel nous guider, il nous mènera là où nous devons nous trouver, faire ce que nous avons à faire.
Là est le grand Naturel, sans projections avec acceptation,
tout comme la montagne et l’oiseau, la neige qui tombe du nuage bas, les pas du chat sur le blanc manteau.

Nul besoin de le rechercher ou de s’en soucier.

Ji Yu Ni 

Poèmes

L’esprit doit demeurer dans un endroit sans demeure : c’est sa demeure.
Ne pas demeurer dans tous les endroits, c’est demeurer dans un endroit sans demeure. Ne pas demeurer dans tous les endroits signifie : ni demeurer dans le bien ni demeurer dans le mal, ni l’être ni le non-être, ni l’intérieur ni l’extérieur ni le centre, ni demeurer dans le vide ni dans le non-vide, ne demeurer ni dans la concentration ni dans la non-concentration.

C’est cela : ne pas demeurer dans tous les endroits.

Cette expression « ne pas demeurer dans tous les endroits » désigne l’endroit où demeurer. Si l’on peut être ainsi, alors on est l’esprit sans demeure. L’esprit sans demeure est l’esprit du Bouddha. Quand les choses arrivent, laissez-les arriver. Mais ne laissez pas votre esprit demeurer sur quoi que ce soit. Qu’il soit pour toujours calme comme le vide et parfaitement clair. De cette façon, vous atteignez spontanément la délivrance.
 
Me laissant aller librement,
Je fais de la lune mes pupilles

Et des forêts de hêtres

Une mélodie ancienne….
 
Le vieil étang m’habille
De son manteau de bruine fraîche.


Comme une herbe folle,
Je vacille à la vie.

 
Combien me demandèrent :
« Qu’est-ce que la Voie ? »

Pupille allumée du grand feu nocturne….

 
Moi, Kaisen, après toute une vie d’errance,
Qu’ai-je à dire ?

Le moustique ne pique pas l’espace de son vol.

 
Sous mes sandales, …le temps
Sur le chemin, …l’intemporel.

 
Le vol du canard a fait se lever le jour….

 Sando Kaisen

lundi 5 septembre 2011

PRATIQUE DE ZAZEN, assise désintéressée

A partir du jeudi 15 septembre 2011,
reprise des zazen tous les jeudi à 19h45
au dojo Shinku Ji, dojo du Vide absolu, 
Lieu-dit La Tour 81600 Fénols

Bienvenue sur le blog de l'assise silencieuse !

Pour commencer un texte de Sando Kaisen, mon Maître :

L’homme seul marche les yeux grands ouverts, ne dépend de personne et reste intègre.
Le Zen, c’est avant tout savoir vivre et savoir mourir.
L’homme seul est responsable de ses pensées, de ses paroles et de ses actions.
Personne ne peut respirer à sa place.
Il n’y a personne au-dessus de lui et personne en-dessous.
Il n’y a personne ni rien à vénérer, aucune idéologie.
Ne recherchez ni n’imaginez aucun Bouddha, aucun état céleste, aucun mérite,
aucune illumination ni aucune récompense quelle qu‘elle soit.
Lorsqu’on est sincère dans sa respiration et dans sa posture,
on est sincère en toutes choses.
Lorsqu’on est vrai, respirant, on est vrai pensant, parlant, agissant.
Aussi, sans pratique, toute spiritualité n’est que rêve, illusion et projection mentale.
Cette posture n’est ni Zen, ni bouddhiste, ni chrétienne.
Elle est la libération de tout ce que vous avez enfermé si précieusement
dans les habitudes de ce corps.
C’est le recueillement silencieux et désintéressé
Sando Kaisen